La grande surface

Pour arriver à signer en grande surface

S'il y a un parcours du combattant pour l'auteur d'une petite maison d'édition, c'est bien là que se trouve toute la splendeur. Pour arriver à décrocher une séance de dédicaces en grande distribution, il faut téléphoner, se déplacer, retéléphoner et se redéplacer. Ensuite, le jour J, il faut montrer patte blanche et attendre que l'organisation se mette en place autour de vous. Le problème est que vous n'avez jamais affaire aux mêmes personnes, parce qu'elles travaillent en équipes décalées et qu'elles partent aussitôt que vous êtes arrivé. Le souci que je rencontre principalement est que mon code barre ne passe pas en caisse, il leur faut donc ruser, soit en en collant un vieux à leur disposition, soit faire passer un autre livre en caisse à la place du mien. Imaginez le smilblick pour la comptabilité ! Il y a un très fort risque d'erreurs, qu'un autre livre soit facturé à la place du vôtre. C'est la raison principale pour laquelle je n'ai pas voulu écouler mon stock de trente livres hier, je n'ai pas envie que mes livres soient perdus et impayés. Malheureusement, je n'ai pas pu me sauver avant d'en vendre trop, la demande était trop forte et c'était trop tentant pour moi de signer. Je n'allais tout de même pas dire aux gens : "Stop! je ne signe plus, je prends trop de risques à vouloir en placer trop aujourd'hui. Il faudrait avoir plus de recul et connaître les endroits où tout se passe bien. Pas trop d'inquiétude quand vous signez Cinq livres, mais quand vous atteignez les Vingt, vous réfléchissez à la perte que cela peut engendrer et vous mettez un frein. C'est le côté commercial obligé très pénible pour un auteur, on ne devrait pas à avoir à régler cette logistique, cette intendance de basse catégorie. Moi, quand je pointe le doigt sur tous les problèmes, ça me fait penser à de l'artisanat, dans le mauvais sens du terme. Nous, les petits auteurs, nous sommes des amateurs par la force des choses, parce que nous devons tout faire nous-mêmes et que  nos éditeurs ne peuvent pas faire grand-chose pour nous, faute de moyens. La meilleure solution pour être un auteur sans problème, c'est de ne faire aucune action pour se vendre, c'est même de ne rien vendre du tout, au moins on ne se prend pas la tête. Plus vous vendez , plus vous galérez, plus vous vous faites suer... Mais tout de même ! Quel plaisir quand vous commencez à être connu sur une région. Je rencontre tant de personnes qui m'ont lue que tant pis, je continue mon action, advienne que pourra !